RENFORCER L’ATTÉNUATION, ENGAGER L’ADAPTATION
Tel est le titre du Rapport annuel 2021 du Haut Conseil pour le climat, paru en juin 2021. Dans le résumé exécutif de ce document, les membres de la haute instance écrivent, entre autres :
Les effets des politiques publiques climatiques se manifestent en 2019 par une accentuation de la baisse des émissions au niveau national et dans la plupart des régions. La baisse observée en 2020 est quant à elle principalement attribuable aux mesures liées à la Covid-19. Néanmoins les efforts actuels sont insuffisants pour garantir l’atteinte des objectifs de 2030, et ce d’autant plus dans le contexte de la nouvelle loi européenne sur le climat. Alors que les conditions climatiques sortent des plages de variabilité climatique naturelle, avec des impacts croissants, les efforts d’adaptation doivent être rapidement déployés et intégrés aux politiques climatiques dans leur ensemble.
La tendance à la baisse des émissions françaises de gaz à effet de serre s’est légèrement accentuée en 2019, avec une diminution de 1,9% sur un an, soit -8,6 Mt éqCO2, pour 436 Mt éqCO2 émis par la France sur son territoire. Des progrès ont été réalisés, dont certains d’ordre structurel, dans les secteurs des bâtiments, de l’industrie et de la transformation d’énergie, suivis de l’agriculture, alors que les transports voient leurs émissions stagner. Les transports demeurent le premier secteur émetteur (31 % des émissions, dont plus de la moitié due à la voiture individuelle), suivis de l’industrie et de l’agriculture (19 %) puis des bâtiments (17 %), de la transformation d’énergie (10 %) et des déchets (4 %). Aux émissions territoriales, il faut ajouter les émissions des transports internationaux, en légère hausse et tirées par l’aviation, ainsi que les échanges internationaux de biens et services. Il en résulte une empreinte carbone qui pourrait atteindre 663 Mt éqCO2 en 2019, dont environ la moitié provient des importations. Par habitant, les émissions territoriales atteignent 6,5 t éqCO2 ; l’empreinte carbone, 9,9 t éqCO2. En 2020, année de pandémie au profil d’activité particulier, les émissions territoriales de la France pourraient avoir baissé de 9 %.
Dans le secteur agricole, les réductions d’émissions sont faibles par rapport aux autres secteurs émetteurs : 9 % depuis 1990. Les émissions de méthane représentent les deux-tiers des émissions nationales de ce gaz et diminuent à la suite de la réduction de la taille du cheptel et de l’utilisation des effluents d’élevage dans des fermenteurs. La France a moins réduit ses émissions agricoles depuis 1990 que ses principaux voisins européens. Le rythme de réduction reste insuffisant à l’aune des objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Par ailleurs, il faut réduire l’écart entre l’évaluation des puits de carbone actuellement comptabilisés par les inventaires nationaux et ceux prévus par la SNBC (qui leurs sont supérieurs de 20 %). La diminution de l’absorption de CO2 de la forêt française et des prairies, la poursuite de l’artificialisation des sols sont en cause. La déforestation importée ainsi que la dégradation des forêts mondiales sont également à l’origine d’un déstockage massif de carbone au niveau mondial. L’Union européenne est le deuxième acteur mondial de cette déforestation importée après la Chine, et la France y contribue à travers ses importations de soja pour l’alimentation animale et d’huile de palme pour le biodiesel. Du côté des politiques publiques, la réforme de la Politique agricole commune (PAC) est actuellement le sujet central. Plusieurs pistes existent pour renforcer la contribution de la PAC à l’action climatique. En complément des politiques nationales, l’action européenne doit contribuer à pratiquer un stockage de carbone aussi élevé que possible dans les sols agricoles, la biomasse et les forêts, à éviter la déforestation importée, à accélérer la baisse des émissions de méthane résultant de l’élevage et de protoxyde d’azote liées à l’usage des engrais. Les acteurs des filières doivent s’engager et être accompagnés, tant pour l’atténuation que pour l’adaptation. Globalement, les politiques publiques ne sont pas assez alignées avec les orientations de la SNBC.
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